Les Gardiens de la Galaxie

Je ne veux pas passer pour la fille qui chipote sur les mots, mais je suis clairement une fille qui chipote sur les mots. Oopsy.

De plus en plus de gens utilisent le terme de Gardien pour définir le lien qui les lie à un animal. Ce mot m'a toujours dérangé sans que je puisse mettre le doigt dessus, jusqu'à hier.
Au delà de mon problème avec l'aspect spirituel du mot Gardien (je suis définitivement bien trop terre à terre), c'est la définition même de ce mot qui m'embête. Un gardien est une personne qui protège et qui défend. Alors oui, je protège Panda de la faim, de la soif et du froid. Je le défends corps et âme contre les intempéries, les maladies et les bêtes féroces qui voudraient lui faire la peau. Pour reprendre les cinq libertés dont on a parlé il y a quelques jours, je pense pouvoir affirmer assez facilement lui assurer les quatre premières. Mais quid de la cinquième ? Est-ce que je suis assez sûre de mes pratiques éducatives pour affirmer ne lui infliger aucun stress inutile, aucune douleur ? Et lorsque je le punis parce qu'il a volé un saucisson à l'apéro, est-ce que je le protège vraiment, ou est-ce que je compense mon manque d'entraînement pour lui apprendre à rester de marbre face à la bouffe ? Quand je mets un coup d'éperon dans les côtes de mon cheval, quand je fais un join up dans le rond de longe, quand je fais un demi-arrêt pour éviter la barrière, quand il brasse à l'attache, quand j'utilise des méthodes aversives pour l'éduquer, est-ce que je peux, en mon âme et conscience, affirmer le protéger ?

La notion de Gardien me gène parce que malgré tout le travail que j'entreprends depuis maintenant un an (et mes quinze ans d'expérience avant ça), malgré mes nombreuses recherches et mes heures de lectures sur le sujet, il m'arrive encore, parfois, d'être moi-même l'agresseur. Je ne peux toujours pas prétendre respecter parfaitement cette cinquième liberté à laquelle mes chevaux et chiens ont droit.

Et pourtant, me définir comme la propriétaire du Gros Panda l'apparente forcément, dans un coin de tête, à une chose. Ça ne me choque pas vraiment, parce que je suis au clair avec moi-même sur ce sujet là. Panda est un être doué de sensibilité (et, soyons honnête, d'une intelligence hors pair, quiconque l'a déjà rencontré ne pourra qu'approuver) et n'est certainement pas un bien consommable. Il m'appartient aux yeux de la loi et j'en suis légalement responsable mais ça ne me donne aucun droit sur lui. Un bon paquet de devoirs, oui, mais aucun droit. Peut-être finalement que la notion de propriété me rappelle à ces devoirs plutôt que de m'en décharger.

Je ne sais pas quel mot il faut utiliser. Probablement celui qui nous parle le plus, en attendant les progrès de la loi et du vocabulaire dans ce domaine. Je me risquerai tout de même à penser qu'il faut porter une attention toute particulière à la cohérence entre nos croyances, notre vocabulaire et nos actions. Chercher la consonance cognitive plutôt que la dissonance, parce que celle-ci n'est définitivement pas notre amie.


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