Le Bien, le Mal et le Poney

L'autre jour, le paternel me demandait en quoi une punition peut être positive. Je lui expliquais alors que dans ce cas précis, le mot "positif" ne signifie pas "bien" mais "plus", et le mot "négatif" ne signifie pas "mal" mais "moins". Pour les cavaliers, le renforcement négatif est souvent vu comme une méthode positive, bien plus que la punition positive justement, qui elle est négative... Bazars. C'est le bazars. C'est ce que je marmonnais le lendemain en donnant le foin aux chevaux. Laisser son enfant tout nu dans le jardin tout l'hiver, c'est mal. Laisser son cheval au pré sans couverture tout l'hiver, c'est bien. Mais laisser son cheval dans la boue jusqu'au genou tout l'hiver, c'est bien ?

Il me semble que la définition de ce qui est bien et de ce qui est mal dépend du contexte et de l'environnement de base auquel on se réfère. Et puis il y a ce que l'on sait bien, parce que prouvé scientifiquement, ou vécu, il y a ce que l'on pense bien, parce qu'empathie, anthropomorphisme, idée reçue, il y a ce que l'on veut bien, parce que ça nous arrange, et il y a le reste. Le moins pire, les compromis, le un peu mieux, le pourquoi pas, les essais, les vérités démontées. Il y a un ensemble de facteurs, plus ou moins dépendant de nous, qui nous empêchent parfois de mettre en place le mieux et on trouve alors un équilibre un peu moins bien mais pas pire. Mais dans ce cas, comment décider si cet équilibre est bien ou mal ?

La question est complexe, d'autant plus que le sujet est truffé de pièges. Manque de recherche, de recul, parfois, manque de connaissance, manque de bonne foi peut-être ? Une étude montre par exemple que le le renforcement négatif n'est utilisé par les chevaux entre eux que lorsqu'il s'agit de corriger ou punir. Le renforcement positif est utilisé lui beaucoup plus souvent, et il permet de créer du lien au sein du troupeau, de renforcer la cohésion, d'enseigner aux plus jeunes. Voila qui devrait suffire à démonter cette idée selon laquelle les chevaux interagissent entre eux en utilisant principalement les méthodes aversives et qui justifie donc notre emploi de la pression (ou pire encore du flooding) dans l'éducation non ? Surtout si l'on appuie ces propos avec les dernières études sur la dominance et la hiérarchie au sein du troupeau, qui viennent encore une fois démonter les idées précautionneusement construite qu'on nous enseigne depuis des années ?

Il semblerait que non. Les idées reçues ont la peau dure et tout n'est malheureusement pas aussi simple. Si le monde était binaire, si tout était tout noir ou tout blanc, on se porterait surement bien mieux. Ce qui est bien pour l'un peut malheureusement être mal pour un autre. Ce que je retiens, c'est que ce que j'ai toujours défendu comme du bien, le renforcement négatif, expliqué par sa pratique au sein du troupeau, justifié, excusé même peut-être par la légèreté (ah, la légèreté...) est finalement perçu comme du mal par le principal intéressé, le cheval.

Je me forme depuis quelques temps à de nouvelles méthodes de travail, et voila quelques semaines que mon monde est mis à mal. Mais Camelia Jordana a dit l'autre soir que le doute est preuve d'intelligence. Je vais m'accrocher à ça pour l'instant !

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