HorseBack UK

Mercredi je décolle pour l'Ecosse, Deeside, Aberdeenshire plus exactement, ma deuxième maison. J'y vais donner un coup de main à l'association HorseBack UK, et travailler avec mon Cowboy. Si vous avez suivi cet étalage de racontars depuis le début, vous saurez de qui je parle. Sinon ne vous inquiétez pas, je ne suis pas la reine de la clarté mais on est quand même jamais perdu bien longtemps ici.

Reprenons depuis le début, en essayant de ne pas vous gonfler. En mai 2010, j'ai emprunté la 206 de mes parents, je l'ai remplie de pulls, bottes et oreillers et j'ai pris la route pour le Grand Nord, direction l'Ecosse. Les partiels étaient finis, l'été s'annonçait long et j'avais envie de retrouver pour quelques semaines cette douce vie écossaise qui me manquait tant. Le plan était simple : dormir à droite à gauche chez des amis, et trouver un travail pour trois mois. Elle est mignonne.

Mais oui, contre toute attente elle doit être bien mignonne, parce qu'elle a trouvé. Cet été là, en plus de travailler à mi-temps dans mon ancien boulot, j'ai travaillé à plein temps pour HorseBack UK. Comme d'habitude, ma rencontre avec ces gens fut drôle, mais on va la faire courte parce que le but ce soir n'est pas de vous donner une raison de plus de lever les yeux au ciel mais bien de vous expliquer mon voyage. La seule chose à retenir, c'est que je cherchais un emploi rémunéré, et que j'ai trouvé du bénévolat. C'est là que vous levez normalement les yeux au ciel quand même.

Mon premier jour de travail était en fait un test, parce que pas question de confier les poneys à n'importe qui. Pleine de courage, je me suis donc rendue à Dinnet, sans trop savoir pour quoi puisqu'on ne m'avait pas vraiment expliqué le but de l'association (oui bonjour, j'accepte du travail pas payé sans même savoir en quoi ça consiste). J'ai trouvé une maison en bordel, un bâtiment en ruine et une quinzaine de poneys plus ou moins bancals. Au milieu de tout ça, deux chapeaux de Cowboy. Le premier est devenu mon patron. Le deuxième mon professeur.


A l'époque, je n'avais fait que peu de travail à pied. J'avais déjà débourré quelques poulains, retravaillé certains chevaux difficiles, mais vraiment, soyons honnêtes, je n'y connaissais rien. J'ai sorti un cheval du pré, je l'ai brossé, préparé, et travaillé. C'était flou et pas très poussé, parce que je n'avais toujours aucune idée de ce qu'on attendait de moi mais j'ai passé le test. On m'a offert une tasse de thé, et en moins de dix minutes, j'ai été prise sous l'aile de Jay le Cowboy et promue co-responsable de l'écurie. Et on a fini par m'expliquer le but de cette association.

HorseBack UK est un lieu d'accueil ayant pour but d'offrir une seconde chance à des soldats blessés, mentalement et physiquement. L'idée, c'est de leur redonner un but, un objectif, de les entourer et de leur prouver que leur vie ne s'arrête pas à leur sortie de l'armée. Les soldats participent à un stage, d'une ou plusieurs semaines, où ils apprennent à gérer un cheval, à monter, à travailler à pied. On leur propose aussi d'autres activités, une vie en communauté, un encadrement, un endroit sur où ils peuvent assumer leurs blessures. Et puis on leur propose ensuite de revenir, comme bénévoles, volontaires. Certains y ont même trouvé un travail, un vrai, payé et tout.

En visitant les locaux le premier jour, j'ai rencontré Jay le Vétéran, l'homme aux multiples cicatrices et visage déformé par le passé, qui laisse traîner ses prothèses et nous choque de ses blagues crues. Rentré d'Iraq quelques mois auparavant, il était là pour prendre l'air je crois. Accepter son corps mutilé, l'amour de sa femme, la vie loin de son régiment, ce genre de trucs sympas. Aujourd'hui, il est papa, propriétaire d'un joli poney et embauché par l'association, en charge de la communication et de la formation.

Mon travail dans tout ça consistait à préparer les chevaux. Qu'ils soient réactifs et attentifs, mais aussi disponibles émotionnellement. Jay le Cowboy, élève de Parelli et ami de David Lichman, fort de quarante années d'expérience, était mon guide. Je ne sais plus vraiment comment il s'est retrouvé au fin fond de l'Ecosse, mais le fait est qu'il était là. J'ai eu la chance de travailler avec lui, en pointillé, pendant tout l'été. Quand il était là, j'étais élève, et le barbu là haut sait tout ce que j'ai pu apprendre. Quand il était absent, il me confiait les chevaux et leur travail. Débrouille toi et bonne journée, on se voit dans deux semaines. Ça doit être un truc de Cowboy.


Il y aurait des tas de choses à dire sur HorseBack, parce que c'est un endroit spécial et magnifique comme on en trouve peu, mais je ne vais pas avoir le temps de m'y attarder comme je le devrais. Moi, j'y ai rencontré Cody, le Poney Parfait et Toots, le Beau Poulain. J'y ai appris toutes les bases de ce que je sais aujourd'hui, ainsi que l'humilité et les responsabilités. On bossait beaucoup, on bossait dur, et pour être honnêtes on savait pas vraiment où on allait. Quand je les ai quittés en août 2010, la situation était toujours aussi incertaine. Mais depuis, il ont trouvé moult subventions, le bâtiment en ruine est devenue une écurie et aire d'accueil pour les vétérans, ils ont un troupeau d'une trentaine de chevaux qui sont bien loin d'être bancals, un manège, un rond de longe, et on entend parler d'eux dans tous les journaux. Ils ont une équipe, une vraie, et accueillent des soldats de mars à octobre. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à suivre leur page Facebook tenue par une écrivaine qui décrit merveilleusement bien leur travail, .
Le bonus, non négligeable, c'est que c'est grâce à cette association que j'ai rencontré Robert, mon Cowboy à moi, celui chez qui j'ai eu la chance de passer trois mois il y a deux ans au fond du Nevada (aventure que vous avez pu suivre ici au jour le jour, ou que vous pouvez revivre/relire, pour les retardataires (ou ne pas lire d'ailleurs, c'est aussi votre droit le plus certain)).

Super. Mais le lien avec aujourd'hui, me direz-vous, fatigué de mes longues tirades ? Il est tout simple. Mon Cowboy a traversé l'Atlantique pour venir travailler les chevaux avant la saison de stage, afin qu'ils soient dans leur meilleur état émotionnel pour aider les vétérans. Et comme l'Ecosse n'est somme toute pas si loin de la France, il m'a proposé de venir travailler avec lui. Alors certes, c'est du bénévolat, mais quand on t'offre une opportunité pareille, le maître mot est ouimercibeaucoupavecplaisirbiensurquejeviendrai !

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Je m'envole donc mercredi direction Dinnet, Aberdeenshire, travailler pour HorseBack UK, presque quatre ans après notre première rencontre. J'ai hâte de vous raconter ça.



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