La nuit americaine


Samedi, 15h. Habillée en fille pour la première fois depuis le mariage (et coiffée, s’il vous plait !), je rougis à la réflexion de sexy cowboy et me dépêche de rejoindre ma collègue.

Attardons-nous donc un instant sur elle. Prénom qui se veut français mais que je n’ai pour ma part jamais entendu (Joneux), nom de famille allemand, la fille est une américaine, une vraie. 35 ans et les cheveux les plus longs au monde (façon Pocahontas mais plus long et blonds… pas du tout façon Pocahontas quoi), parce qu’elle a décidé de faire un don pour les cancéreuses à la recherche de jolies perruques. Mère célibataire d’un gosse de 14 ans qui fait de la BMX, et ça on ne peut pas l’oublier. Je pense que c’est la phrase qu’on entend le plus souvent ici. « You know, I’m a single mum » comme excuse passe partout. Bref, sympa et décidée à me faire apprécier Reno et sa vie sociale. Elle donne des cours de poney ici, ce que je ne commenterai pas, et en particulier à une allemande de 42 ans qui en fait 25, dessinatrice pour bouquins d’enfants venue s’installer ici juste pour les Curlys parce qu’elle est allergique au poil de poney (et je me rends compte que je ne vous ai toujours pas parlé du Curly, donc ça vient au plus vite).

Toutes les trois, on a donc décidé d’aller se bourrer la gueule American style.

Après que Pocahontas version américaine se soit mis douze fois du mascara (pour de vrai, j’ai compté) on est passées au distributeur-drive (salut on est gros parce qu’on a même pas besoin de sortir de notre voiture pour retirer des sousous) et on a filé au Lake, un repère de motard où on est restées montre en main trois minutes, le temps de prendre un shot de whisky. Premier bar.

Apres avoir traversé la ville et être une fois de plus épatée par les casinos et leur lumière façon film américain (j’imagine qu’il va falloir que je m’y fasse), on a rejoint l’Allemande à la Brasserie St James, Entre robes de soirée et boutonneux en costard, on boit une bière avant de tilter. Prom’ night. Ni une ni deux, on se barre de là et en effet, de partout dans la rue, des jeunes gens bourré(e)s en tenue de gala des années 90. Deuxième bar.


De l’immense terrasse, on a vue sur ça, et on a passé bien dix minutes 
à chercher quel peut bien être le drapeau entre les Etats-Unis et le Canada.

Décidées à voir mon taux d’alcoolémie atteindre des sommets, elles m’entrainent dans un bar dont j’ai oublié le nom, qui ne fait que bière et vin. Bonne idée. Au fond de la salle décors bois, derrière le premier mec en pantalon d’équitation que je vois depuis mon arrivée aux Etats-Unis (allez comprendre), une chambre froide où on va tout simplement se servir sa bière parmi un choix incalculable, avant de revenir payer en caisse. Bien gelées parce qu’on a mis dix piges à choisir notre bière, on retrouve les copains d’une copine d’une cousine et on blablate sur le festival de hippie qui a lieu chaque mois d’août au milieu du désert. Troisième bar.

L’ambiance n’étant pas à son maximum, on traverse la rue direction The Bar USA. Devant l’entrée, une dizaine de belles Harley et autant de mecs à barbes et tatouages qui fument une clope. Sur le toit, des enceintes qui crachent de la musique country dans tous le quartier. Sur le bar, des machines à sous. On est bien. On rejoint une amie à Pocahontas (« Fais pas attention, elle se plaint tout le temps, contente-toi de sourire et acquiescer » Je suis la seule à saisir l’ironie de la chose ?) dont la priorité est de m’ajouter sur facebook pour pouvoir dire à tous ses amis qu’on se fait une soirée entre filles. Apres un deuxième shot de whisky, la bière de l’allemande, la défaite de Pocahontas au billard (« Je l’ai laissée gagner parce que bon… ») et trois photos sur facebook, on décide de filer. Pas de chance, les motards se sont multipliés devant le bar et ils ont la parlotte ce soir. Quatrième bar.


Grâce à une chorégraphie d’expertes, on s’extirpe des blousons en cuir et bandanas direction La Chapelle. Le bar est… vide. On me force à descendre une bière plus vite que je ne croyais pouvoir le faire, et on remonte dans l’immense pick up… Le cinquième bar était express, ce qui est bien dommage parce que le serveur était le premier américain du Nevada qui méritait un peu d’attention (sexy cowboy mis à part, of course).


Le sixième bar est une sorte de pub Irlandais américanisé. Une fois de plus je tente de payer ma tournée, mais je subis un échec cuisant. Ma soirée m’aura coûté… 0 dollars. Bien joué l’Écossaise. Bière, part de pizza joliment mendiée aux mecs d’à côté, mec relou que tout le monde à l’air d’apprécier ici pou une raison inconnue et discussions philosophiques avec l’Allemande, dont il me serait très difficile de vous faire un résumé. Mais de ce que je me souviens, c’était super intéressant. On décide qu’il est temps de rentrer.

Dans la tête de Pocahontas, rentrer veut bien entendu dire rejoindre son mec au Lake, premier bar. Sauf que le temps d’y arriver, le Lake ferme. Le serveur, une armoire à glace habillée façon gangster et fan de country music nous laisse gentiment utiliser les toilettes et nous donne rendez-vous au bar d’à côté, où il va finir sa soirée. Septième bar. La serveuse aux moult tatouages a les plus gros seins refaits que j’ai eu la chance de croiser jusqu’ici, le bar n’est pas plat parce qu’il est composé d’écrans me promettant richesse et joie si je clique dessus, et les habitués sont un doux mélange de cowboys et bikers (et l’armoire à glace, qui dénote au milieu de tout ça). Pocahontas s’en va prendre sa revanche au billard et me laisse aux mains de danseurs en manque d’amour, qui me font tourner en me chantant à l’oreille les chansons dans leur entier. Oui ben là je crois bien qu’on peut monter un fan club de ce pauvre type dont j’ai quand même réussi à oublier le nom. George quelque chose.

Je suis rentrée quelque peu ivre, et comme toute personne quelque peu ivre qui se respecte, j’ai décidé d’envoyer un mail. Heureusement, j’étais encore assez lucide pour répondre quelque chose de sensé à ce cher cavalier professionnel pour qui j’ai fait des photos l’autre jour (et qui repasse par chez nous le 25 mai).

(Aucune des photos ici présente n'est de moi, je voulais juste vous montrer un peu à quoi ça ressemble, merci Google.)

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