Gus Part 2

Une parfaite illustration de la leçon #3. Vous vous souvenez de Gus, mon meilleur ami qui me déteste ? Il ne me déteste plus. Il est même plutôt d’accord pour qu’on reprenne où l’on s’était arrêtés lui et moi. 

Aujourd’hui, mon cowboy et sa femme sont partis pour la journée. Ca devait être mon jour de congé, mais vu que je dors en moyenne 13h par jour en ce moment, j’étais comme d’hab’ debout à 6h30 alors je suis sortie aider à nourrir, nettoyer… bref, une journée de boulot comme une autre. 


Profitant d’un moment de tranquillité, décidée à éviter sexy cowboy et sa sexy chemise noire sous peine de lui sauter dessus et la pluie me mettant une fois de plus dans cette humeur vaguement romantique, j’ai décidé de tenter une approche nouvelle avec Gus. Je ne pense pas que la méthode de mon cowboy soit la plus adaptée à la situation, et je ne suis pas sûre (du tout) de savoir quoi faire moi-même, alors j’ai demandé conseil à mon collègue le cowboy sans yeux (qui aujourd’hui, fait rare, n’avait pas ses lunettes). Avec ses 50 ans d’expérience, il aura bien une idée lui. Et en effet, il avait bien une idée. 

Le problème de Gus, c’est qu’il n’arrête jamais ses pieds. Il danse sur place en permanence même quand il est attentif et prêt à faire ce que je lui demande. C’est sa façon à lui d’évacuer le surplus d’énergie accumulé à cause du stress que lui cause ma présence (ou la présence de n’importe qui d’autre). La technique de mon cowboy a été d’essayer de le pousser dans ses retranchements, de tenter une sorte de join up amélioré (faites-moi savoir si le join up vous intéresse, je me ferai une joie de vous le détailler). Sauf que le poney est buté, qu’il s’est épuisé, et qu’après deux heures à courir il ne s’est toujours pas arrêté. Et on a plus pu l’attraper pendant une semaine. 

La technique de l’homme sans yeux a été de prendre son temps. « Move slow, real slow, and you’ll never have your hands enough on him. » Il a demandé au poney de le suivre, de désengager ses postérieurs, de marcher avec lui, et il a passé plus d’une demi heure à le toucher. Tout simple. Tout tranquille. Au bout d’une heure, alors qu’il commençait à pleuvoir vraiment, le poney avait les yeux doux, la tête basse et il mâchouillait. Un stade de décontraction qu’il n’avait jamais atteint avant. Ses pieds ne bougeaient plus. Pour dire, il avait même un pied au repos.

De l’importance du pied d’un poney. Réussir à faire bouger les pieds de Gus et à les avoir immobiles à la demande, c’est un premier signe d’acceptante, et c’est un premier pas vers un pacte de confiance entre lui et qui que se soit qui le travaille.

J’ai beaucoup aimé ce que m’a dit l’homme sans yeux aujourd’hui. C’était en anglais mais en gros ça sonnait comme ça : « pour une fois, ça va être à toi de t’adapter et de lui prouver que tu es digne de confiance ». Chaque élément nouveau est pour Gus une bonne raison de fuir. Une longe, un licol, mon anorak, le chapeau de l’homme sans yeux, tout est terrifiant. Il a besoin de comprendre que je peux être près de lui, le toucher avec un stick, tout ira bien.

On parlait aujourd’hui du fait de coucher un poney, qui est un sujet très controversé sur lequel je pourrais déblatérer des heures durant (ce que je vous épargnerai (pour l’instant)). C’est une des idées de mon cowboy pour résoudre tous les problèmes de Gus, le fait de le coucher pouvant s’avérer être un très bon moyen de donner confiance à un poney. D’après l’homme sans yeux, c’est une très mauvaise idée. Le poney n’est pas prêt à accepter une longe proche de lui. Le coucher risque d’être un événement traumatisant qu'il ne sera plus possible de corriger. Et encore une fois, j’aurais tendance à être d’accord avec lui.

L'homme sans yeux pense que Gus est un projet qui va prendre beaucoup, beaucoup de temps. On est tombés d'accord sur le fait que personne ici ne prendra jamais vraiment ce temps pour lui. Il pense que je devrais le ramener dans mon sac... Je pense que je vais faire mon maximum tant que je suis là, et advienne que pourra pour la suite.


Cette photo prise par la femme de mon cowboy m’a valu mes nouveaux surnoms, Smart Ass et Shit Head, pour des raisons que je vous passerai. Le mec souriant au fond, c’est l’homme sans yeux. Pas besoin de vous présenter la charolaise amblée devant...

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