And that's how it's done


L’année dernière, à la même époque, je bossais dans un élevage de pur-sang en Irlande. Trente-cinq juments, deux étalons, des naissances, des saillies, des examens véto… Et cinquante pages de rapport de stage sur la reproduction du poney. Il y a quelques semaines, j’ai eu la joie de réaliser que finalement c’était une expérience plutôt pas mal, puisque ça m’a permis de prendre en main la naissance de la vache amblée au ranch. J’ai toujours pensé que les Irlandais, comme les British en général, sont légèrement pointilleux niveau hygiène et sécurité (freaks !). Je pense qu’ils seraient tous morts de crise cardiaque s’ils avaient eu la chance de voir ce que j’ai vu ces deux derniers jours. 

Mercredi, j’ai assisté à ma première saillie Circus style. Je pourrais vous écrire trois pages sur tout ce qui ne va pas ici, mais ça voudrait dire vous ressortir mon rapport de stage d’abord, et la flemme, pour vous comme pour moi. Mais sachez qu’ici, c’est une grosse blague. Pour faire simple, la jument avait l’air en chaleur, alors on l’a présentée à l’étalon. Sans protection aucune, juste devant les paddocks des deux autres entiers, l’homme sans yeux a amené Peter, qui a bien pris son élan dix mètres plus tôt et s’est jeté sauvagement sur la pauvre jument traumatisée. Parce que trop avare pour faire une écho pour savoir si la jument est en pleine ovulation ou non, et que trop avare pour faire l’écho qui dira si la jument a pris ou non, elle sera donc saillie de cette manière cinq fois. Ah non pardon. Elle sera donc violee sauvagement cinq fois. Outre le fait que Peter n’a jamais appris les bonnes manières et se comporte comme un rustre, saillir une jument cinq fois en cinq jours, c’est la transformer en vraie boucherie. Littéralement. Façon Cite de la Peur. 

Aujourd’hui, mon cowboy est parti pour la journée et m’a demandé d’aider Sexy Cowboy et Pocahontas pour la saillie. J’ai donc, à mon habitude, fourré mon nez dans tout ça et insisté pour qu’au moins, on bande la queue de la jument. Un seul crin peut faire tellement de dégât, pour l’arme de l’étalon comme pour l’intérieur de la jument, que c’est quand même la moindre des choses. Comme lors de la naissance, Pocahontas m’a avoué son manque d’expérience en la matière. On a passé une bonne demi-heure à tergiverser sur tout ce qui ne va pas ici, rien qu'au niveau des conditions de saillie, et elle m’a promis qu’elle banderait la queue de la jument à nouveau demain. (Avant que mon cowboy n'arrive et ne change quelques petits choses, les juments étaient mise au pré avec l'étalon, et on devinait le jour de la saillie, histoire de pouvoir deviner le jour de la naissance. Et on espérait qu'il n'y ai pas de jumeaux. Toujours plus.) 

Mais ce n'est pas tout. Hier, j’ai accompagné Sexy Cowboy au centre de récolte pour qu’on insémine une jument avec ce même Peter. La première et dernière fois que j’ai vu ça, c’était au Haras de Saint-Lô. Le summum du professionnalisme. Je savais que ça serait différent ici. Je pensais pas que ca serait AUSSI différent.

On s’est garé dans le jardin d’une petite maison en bois qui paye pas de mine. Tout autour, des poneys. Derrière, une vieille grange d’où est sortie une bonne femme plutôt vieille, plutôt grosse, plutôt rustique. Sexy Cowboy m’a avoué être content que je sois là, parce que la dernière fois cette même bonne femme s’est montrée plutôt… intense, on va dire. Derrière le mannequin sur lequel l'étalon fera son business, une jument paniquée. Derrière la sellerie, une sorte de faux labo avec un vieux microscope pourri. Je vous refais pas la scène, on a amené Peter, il a fait son business, elle a fait le sien avec la semence. Puis elle nous a engueulés parce que personne ne lui a dit qu’il avait sailli la vieille (merci Super Manager) et que ça vient foutre le bordel dans ses calculs. Elle nous a tendu une main bien dégueulasse en nous disant qu’on aurait sûrement besoin de revenir la semaine prochaine. On a décampé au plus vite.

J'aimerais tellement avoir de belles photos pour illustrer tout ça, que vous puissiez rire autant que nous ici, malheureusement je n'en ai pas. Après reflexion, c'est peut-etre pas plus mal...


Je vous mets donc une jolie photo du poney sans cul monté par Sexy Cowboy. Vous vous souvenez de la honte bouclée du ranch dont je vous ai parlé, l’horrible étalon nommé Pride qui, tout comme celle-ci, n’a aucune arrière-main ? La dernière idée de Super Manager, c’est de le mettre là dessus. Avec un peu de chance, elle obtiendra un poulain avec deux avant-mains. Et elle trouvera ça magnifique.

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