Poisson d'avril


Après deux jours à râler sur ces cons d'Américains qui ont failli me faire louper mon dernier avion en me gardant une heure au service d'immigration, "une sacrée bande de connards !", je comprends enfin le pourquoi du comment.
Forcément, si je leur annonce que je passe trois mois en Californie, alors que sur ma déclaration d'ESTA, je mets une adresse au Nevada, ça fait tout de suite suspect.

Oui parce que revenons quelques jours en arrière. Alors que je jure sur l'honneur n'avoir commis aucun crime nazi entre 33 et 45, n'avoir jamais kidnappé d'enfant, et ne pas avoir la syphilis, j'envoie un mail à mon cowboy pour lui demander son adresse, puisqu'apparemment ça intéresse les autorités américaines. Toute occupée à maudire ces questions débiles, je ne fais donc pas gaffe du tout au fait que ladite adresse se trouve à Reno, dans le Nevada.

Après m'être arraché un ongle et bouffée une lèvre sur un banc miteux, entourée d'un manchot et d'un mexicain à la moustache ultra-abondante, attitude tout à fait normale quand on vient de se taper 12h d'avion et qu'on a pas du tout envie de dormir à l'aéroport parce qu'on vient de louper son dernier, mais tout aussi normale quand on essaye de faire passer de la drogue dans son sac, ou même un cadavre, je me retrouve donc en face d'une moche qui a du abuser du Donut plus d'une fois, et me demande si j'ai de l'argent et si mes parents savent que je suis ici. Mes réponses avaient l'air convaincante, mais bien entendu, elle me rend mon passeport au moment du récit sur ma collaboration avec une association aidant les soldats blessés en Afghanistan. Même pas le temps de parler poney, je me suis faite éjecter, direction la douxième sécurité de la journée. (Après une coursé effrénée à travers un putain d'immense aéroport, j'ai eu mon avion.)

Ce n'est qu'aujourd'hui, tapant tranquillement l'adresse de Robert sur Google Maps pour savoir un peu mieux comment gérer notre road trip, que j'ai réalisé la connerie. Nevada. Reno, Nevada. Pas Jackson, Californie. Reno, NEVADA. 


Heureusement pour moi, ce n'est que quelques kilomètres plus loin. Juste à la frontière Nevada-Californie. Après un mail de vérification, je suis en mesure de vous affirmer que cela ne change absolument rien aux conditions de départ, il y a toujours un cowboy dans l'équation, 55 poneys, et d'après Google Maps, des sacrées installations.



C'est dans des moments comme ça que ma couleur de cheveux prend tout son sens, et que je remercie un peu le karma quand même d'avoir foutu Reno à dix minutes de Sacramento et pas à l'autre bout du pays, parce que dans le cas des Etats-Unis, ça fait loin, du coup.

Commentaires